RENTRÉE LITTÉRAIRE

Ah! La rentrée littéraire! Les caisses de nouveaux bouquins encore chauds que Lady et moi attendons comme autant de promesses d’avenir (mon amour, on ira revendre tout ça à L’Échange quand viendra le temps des impôts.) Mais il n’y a pas que les Arcan, les Mistral et les Dompierre dans le lot de nouveautés affriolantes. Oui, je participe moi-même à ce déluge de papier avec Yves Jacques : Un homme, une truite. Pendant des ans, j’ai eu la chance de feuilleter les cahiers intimes de ce grand acteur, amateur de pêche devant l’éternel. Yves Jacques n’est pas un écrivain à proprement parler, mais ses histoires de chasse au poisson, interrompues par des confidences intimes sur son métier et le milieu du cinéma, méritaient d’être ramassées en un livre. J’ai lu, relu et corrigé, avec son accord, pas moins de 8000 pages de texte. L’ouvrage sera publié chez Les Indécrottables dès octobre. Je vous en offre un extrait :




Juin 1985, Magog. Tournage du Déclin de l’empire américain.

« Cette semaine, j’ai longuement pratiqué, seul dans un bosquet isolé, pendant que l’équipe de tournage était en pause, la fameuse scène où Claude, mon personnage, urine du sang (ce qui le plonge évidemment dans des angoisses qu’on devine terribles, mais intériorisées.) Pour que l’effet soit réussi, j’ai ingurgité d’extraordinaires quantités de jus de canneberge, mais après plusieurs essais je n’ai uriné qu’une pisse vaguement rosâtre, très peu convaincante. J’ai alors eu recours à l’avis de Dominique (Michel) qui m’a conseillé de manger des betteraves, beaucoup de betteraves : « Yves, mange donc un char pis une barge de betteraves, tu vas voir, ça marche », m’a-t-elle dit, avec son humour exceptionnel. J’ai suivi ce conseil. Je crois que l’effet sera parfaitement impeccable à l’écran. On n’y verra que du rouge! Après le tournage de cette scène-clé, qui a exigé de ma part une dévotion et une énergie dramatique extraordinaires, Rémy (Girard) et moi sommes allés taquiner la truite sur le lac, dont le niveau était bas cependant que l’eau, heureusement, était fraîche et le temps juste assez humide. Il n’y avait aucune activité de surface, le lac était tranquille mais nous sentions que ça « grouillait » en profondeur. Comme appâts, Rémy traîne toujours avec lui ses mouches, ses cuillers et ses plumes de cul de canard de type 2 et 3. N’ayant rien prévu, j’avais laissé mes équipements chez moi et me suis servi de lombrics ordinaires, fraîchement cueillis, comme faisait mon père. Nous avons très peu parlé dans la chaloupe, Rémy étant sérieusement grippé. De temps à autre, pour me faire rire, Rémy essayait de faire des bulles avec sa morve. Nous avons quand même pris deux truites moyennes que nous avons dégusté ensemble près d’un feu, à la brunante, en sirotant un Chablis 1983, un blanc délicat, subtil et, à notre grande joie, non boisé. Fatigués, à 20h, Rémy et moi avons marché jusqu’au chalet, où nous attendaient les autres. Denys (Arcand), lui aussi grippé, nous a bien amusé en essayant de faire des bulles avec sa morve. Je dois me reposer, demain nous tournons le plan crucial où je regarde dehors, l’air intense, pendant trois secondes. »


Comments

Philémon said…
Le livre viendra-t-il dédicacé d'urine rouge? Ou viendra-t-il tout court?
Anonymous said…
L'amour étant aveugle et rendant follement sourd, si nous ne nous entendons pas, par contre, c'est certain, je crois voir quelques lueurs de votre jeu.
Il vous va bien.

8000 pages ? J'en compte seulement 7000.

Offrez-moi du 15 ans d'âge et nous irons voir ensemble si les asticots de votre jardin ont bien éclos ce matin même.
crocomickey said…
C'est sûr et certain que je vais me procurer ce livre. En plein dans le mille du style de prose qui me rend boulimique.
On peut pas tous être pauvres comme Bob.

Est-ce que ce livre sera ben cher?
Perrasite said…
Vous autres pis vot' tarte au poisson !
Kayou said…
On parle souvent et beaucoup des « invendus », c'est-à-dire de ces livres qui ne trouvent pas assez de lecteurs et qui vont, quelque temps après leur publication (qu’ils soient mauvais, moyens ou bons) directement au pilonnage ou chez les libraires d’occasion. J’aimerais être l’auteur d’un authentique « invendable » que personne, ni ma Lady ni même ma mère ne voudrait avoir dans ses affaires. Je voudrais être l’auteur d’un premier « livre pilon » destiné à la destruction.


Le meilleur truc : Ne pas l’écrire.
Lyne-la-lune said…
Yves Jacques sucks et ce, littéralement...
;-)
Doparano said…
Lyne...!!!!! Espèce de coquine!
Anonymous said…
zhom, bien que vous n'avez rien à faire de mes promesses, je vous promets solonellement, que dis-je, je vous jure sur ma vie que, si un jour vous écrivez un livre, non seulement je ne l'achèterai pas et ne le lirai encore moins, mais vous pouvez être assuré que je ne le recommenderai à personne.

Alors, de grâce, écrivez moins sur votre blog, que l'on se fait un devoir de lire quotidiennement, et écrivez sur un tas de feuilles brochées, avec une couverture et votre nom dessus, qu'on prenne nos jambes à notre cou pour ne pas l'acheter mais surtout pour ne le lire jamais.
Ostide Calisse said…
Lyne, je dirais même plus: Yves Jacques kicks ass et ce, tout aussi littéralement.
Anonymous said…
Mon cher zhom, vous racontez toujours la même chose et de la même manière : vous venez d'inventer l'annuaire avec des photos.
Félicitations !
Bientôt à vous le téléphone avec des images...
Faut-être dans l'édition et son commerce pour parler d'invendus,
Je ne vois rien d'autre.
Vivre de sa plume est bon pour les oiseaux de basse cour.
Kayou said…
Je suis la seule personne au monde qui reçoit les critiques nébuleuses (et pourtant pertinentes) d'un faux Yves Jacques! C'est merveilleux!
Anonymous said…
Hé non mon bon ami, soyez assuré que vous avez affaire au véritable Yves Jacques, et que j'ai la ferme intention de tous vous poursuivre en justice pour libelle et diffamation, morbleu!
Anonymous said…
Mais ce que vous ignorez tous, c'est que Yves Jacques m'a prié de signer sa préface. Denise Robert m'a conseillé de ne rien faire.
Anonymous said…
Pourquoi on ne m'a jamais proposé de faire ma bio non-autorisé à moi?

J'ai encore l'impression d'être le Yves Jacques des pauvres.
Ostide Calisse said…
Le Yves Jacques des pauvres, doublé d'un Stéphane Laporte de la classe moyenne. J'estime qu'il a 75% du premier et 25% du second.
Philémon said…
C'est chien pour les pourcentages je trouve. Ils ont rien fait, eux. Entéka.
crocomickey said…
Même si le livre existe pas, j'vas l'acheter pareil !
crocomickey said…
Hey ! T'es un esssti de malade ! Et j'aimerais bien un jour (faux espoir)m'appuyer sur une parcelle de la folie et du talent qui t'animent. Va falloir que tu sortes du blogue un de ces quatre pour exploser ailleurs. Pour notre plus grand bien à tous. Avec des moyens ($$$), ouf ! Je n'ose imaginer oussé que tu nous amènerait ...

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