FAIT VÉCU POUR VRAI

J’en ai parlé à quelques privilégiés, mais je veux partager, avec tous, cette insolite tranche de vie :


La nuit dernière, un étrange et persistant bruit de froissement a eu raison de mon sommeil. Il y a ce sac de toile plastique au pied de mon lit dans lequel traînent quelques vêtements sales. À demi éveillé, je croyais que mon petit chien fouineur s’amusait à renifler mes vieilles chaussettes et qu’il finirait par se lasser. Le bruit persistait. J’ai allumé la lampe, mis mes lunettes et chialé un peu : « Couché ! » Il n’y avait rien. Plus de bruit. Personne, pas un chat, pas un rat. Le chien dormait paisiblement avec Lady dans l’autre chambre. J’ai me suis levé, j’ai inspecté : Tout était bien verrouillé, pas d’indices d’intrusion, pas de Freddy caché derrière la fournaise. Inquiet, je suis allé me blottir tout contre Lady et j’ai cogité en attendant de me rendormir. Je me suis demandé quelle sorte de fantôme pouvait s’intéresser à mes vieux bas secs, à mes t-shirts rances et à mes fonds de pantalons suspects. Un être spectral, revenu des gouffres de la mort, n’aurait pas l’idée de venir fouiller mon linge, me semblait-il. Un revenant ne peut pas être aussi insignifiant, pensais-je. Il m’annoncerait quelque chose, une vérité terrible, une catastrophe à venir. À la limite, il sortirait incognito avec la télévision et les DVD pour les revendre à bas prix dans un pawn shop de l’Au-delà. Mon linge sale ! Au matin, reposé, je suis allé vérifier le contenu de ce sac hanté. Sous les vêtements souillés se trouvait une petite boîte contenant mes factures pour les impôts de 2008. J’avais oublié. Alors tout est devenu confus dans ma tête. Je me suis mis à imaginer le spectre vengeur d’un comptable agréé résolu à trier mes documents. Ou encore un maniaque particulièrement pervers et minutieux qui cherche à prouver aux fonctionnaires de Revenu Québec que l’achat de disques et de livres n’est pas une dépense déductible, même pour un journaliste culturel à la pige. Terreur. Angoisse. Prenez-moi dans vos bras et dites : « Ça va aller.»

Voilà. Avec moi, même l’univers de l’inexplicable est d’une platitude surnaturelle !



Note : La photographie ci-dessus montre un conseiller financier possédé par quelque force obscure et démoniaque. Remarquez la présence des ORBS lumineux et celle, plus inquiétante encore, de Diane Fuchs Viens



Comments

Doparano said…
Ça va aller(en te berçant dans mes bras), ne t'en fais pas, mais criss fais ton lavage!!!
Doparano said…
p.s. la version de l'histoire que t'as envoyé Via Email dans ma boite de réception était plus croustillante en détails suspects et odorants.

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