Zhom recycle ses fonds de tiroirs # 1

Parce que Lady et Archet l’exigent à grands cris, Zhom offre ici quelques extraits d’un faux journal intime, celui d’une certaine Noémie-Fée Bélanger-Cadieux, 20 ans, étudiante en lettres. Il s’agit d’un vieux travail de fin de session en création littéraire au cégep du vieux Montréal. J’ai eu 68%



Cahiers d’une jeune femme de lettres
(morceaux choisis)


Création ou procréation… La vieille histoire…
Freud s’est trompé. L’envie du phallus est une supercherie monumentale. En vérité, depuis la nuit des temps l’homme jalouse la femme. Surtout JF, qui ne cesse de me contrarier pour des riens. Encore hier, il refusait de quitter la salle de bain alors que je rasais mon pubis. Il répétait « je veux juste regarder ». Ses yeux globuleux sur mon sexe vulnérable…

-Relire Nancy Huston.
-Ne pas oublier d’acheter une étuveuse pour la laitue.


* * *


Retravailler les personnages de Linda et de Ginette dans mon roman « Hélène ». Idée : Au contact des Fils de l’Orage, Ginette se transforme en loutre géante et met le village à feu et à sang. La police arrive. Une enquête est menée (par l’inspecteur Chimo, référence à Ducharme).La loutre est arrêtée, interrogée puis relâchée dans les prairies canadiennes (beaucoup trop symboliste, ma chère!)

-Demander à V sa recette de farce aux prunes.
-Changer la litière d’Emma.

* * *
JF s’est fâché ce matin parce que j’ai passé la nuit dans un bar clandestin avec cinq de ses meilleurs amis et que la fête s’est terminée chez son frère. Je déteste quand JF me joue le grand jeu des larmes. Pour le punir, je m’engage à l’appeler dorénavant Jean-François et à le bouder pendant une semaine. Je ne suis pas sa chose (flirter n’est pas tromper). Emma est allergique à JF (pardon, Jean-François). Elle défèque sur ses vêtements et lui ronge constamment les mollets. Est-ce un signe? Le regard des chats est celui de la vérité.

-Lire Colette.
-Apprivoiser graduellement le kéfir (excellent paraît-il quand on oublie le goût)

* * *


Notes : L’histoire d’une jeune québécoise qui se cherche (éternelle quête des peuples colonisés) et qui finit par se retrouver dans un village arabe, chez des épouses en deuil. La « reine » du village lui confiera un « secret millénaire » que les mères transmettent à leurs filles depuis toujours (un secret de nature biblique, coranique ou l’un et l’autre). L’héroïne, apprentie sorcière, se transformera en loutre géante et deviendra la « messagère » (remplacer la loutre géante de « Hélène » par une vouivre magique, un oiseau de feu ou un conifère.)

* * *

J’ai fait lire le premier paragraphe de « Chère Hélène » à T, ma professeure de « Féminitude et oralité ». Elle a dit que j’abusais quelque peu des locutions prépositives et de certains mots. Suivant ses conseils, j’ai donc coupé trois « péremptoire », quatre « omniscient » et cinq « au niveau de », réduisant mon texte à quatre courtes phrases, soit six lignes. Épure, ma chère, épure!

-Lire Carole David
-Acheter la tuque péruvienne en solde chez « Zuumac »
-Raser mon pubis.

* * *


Jean-François… Regard mort bouche glue sperme sale… Il attend quelque chose de vide qui ne viendra jamais… J’ABHORRE LE VIEUX GENESIS!

¼ tasse de beurre
2 oignons blancs hachés
2 tranches de céleri en dés
8 prunes dénoyautées
Thym, sauge, zeste, persil
1 livre de pain au levain (gros cubes)
1 œuf battu
Bacon (??? Attention, ma chère!)

(Idée de titre : « Quelque chose de vide »)

* * *


Pourquoi devrais-je supporter les « problèmes » de JF? (pardon, Jean-François) Cela fait SEPT SEMAINES qu’il boit ses deux bières TOUS LES SOIRS! Je crois qu’il n’est pas constitué –physiquement et psychologiquement- pour l’alcool, contrairement à Jorge, mon prof de danse-contact, qui peut engloutir des quantités astronomiques de Tequila sans jamais se plaindre (certains peuples sont peut-être plus doués que d’autres pour le bonheur –question réponse) Je crois que JF bois pour me contrarier, pour m’inquiéter ; quand je l’interroge sur ses habitudes de consommation il dit toujours «Bah! » en regardant ailleurs (un de mes pères était alcoolique)

* * *


Ai vu : le merveilleux film d’Assama Tohioko « Le Parfum des poulpes secs». Je ne suis pas certaine d’avoir tout bien saisi. La jeune Mika, condamnée pour avoir éviscéré par désespoir ses quatre enfants, méritait-elle vraiment d’être défigurée à l’huile bouillante puis violée par les hommes-loups? Est-ce vraiment le prix à payer pour être femme? Au Japon?

* * *

Troisième cours d’arts plastiques : « premier contact avec le matériau » C’est fou tout ce qu’on peut faire avec un bout de glaise et des cure-pipes quand on laisse aller son imagination. Je compte proposer ma sculpture au Festival des Femmes Bafouées, à la Maison de la culture Côte des neiges (j’ai jusqu’au 15 avril, cela me laisse le temps de peaufiner mon art)

-Mon écriture stagne. Blocage. Mes personnages m’échappent. Peut-être est-ce un signe d’évolution?

* * *

Hier, j’ai fait brûler mon ragoût, ça m’a mise en larmes. JF –toujours subtil- répétait sans arrêt : « Ce n’est pas grave ». Il a poussé l’insulte jusqu’à faire livrer des pizzas. Résultat : j’ai passé la nuit à vomir et à pleurer. (C’est un geste manqué de ma part, à présent j’en suis certaine. Je VOULAIS décevoir JF, lui montrer que je n’étais pas sa bobonne. Pourtant je sais cuisiner. Tout le monde a raffolé l’an dernier de ma fricassée de tofu aux raisins secs.)

* * *

Je me suis enfin procuré un livre sur le Vietnam. Les paysages sont magiques. Il faudra que je demande à D de m’expliquer la situation politique du pays. (Ne pas oublier de m’intéresser au Cambodge aussi)

-Ma sculpture avance. La glaise est un matériau tellement sensuel, surtout au toucher. On devrait ouvrir une boutique de poterie, moi et V. Ou aller au Gabon.

(à suivre?)

Comments

Perrasite said…
Oui, encore ! Quelle dérision !
As-tu l'adresse de Carole David ? Je sens qu'on pourrait s'amuser.
Anne Archet said…
«J’ai fait lire le premier paragraphe de « Chère Hélène » à T, ma professeure de « Féminitude et oralité » [...] -Lire Carole David [...]»

Ah! Ah! Très drôle! Ne sais-tu pas que tu tentes de te fuir par le biais de l'humour ?

:-D

Zhom, vous étiez un élève kamikaze. Une prof avec un ego plus démesuré que Madame David (exemple : moi) ne vous aurait jamais donné la note de passage. Vous auriez mérité une bonne fessée, en classe, devant tous vos petits camarades.
Num said…
Personnellement, je trouve que c'est digne des vidanges... ;)

Haha!!!
Kayou said…
Ne riez pas, j'aimais Carole David, vraiment. Je la trouvais belle (voyez la photo, post précédent) Sachant qu'elle devait chaque soir corriger des piles de textes pénibles, ennuyeux, mal écrits et voulus "profonds", j'espérais lui offrir, par mes niaiseries, un peu de détente et de divertissement (en échange, peut-être, d'une mauvaise note mais d'une bonne fessée...)
Anne Archet said…
Je n'ai plus que deux choses à dire :

1. La fricassée de tofu aux raisins secs, c'est délicieux. Ma recette personnelle vous donnera de ses nouvelles, comme dirait Raynald.

2. Je veux la suite, non, l'intégrale de ce texte !
PatB said…
Tu étais en avance pour ton âge, ton temps et ton époque, Zhom.
Moi j'étais crissement en retard. J'écrivais du "profond" à la sauce Stephen King si je me souviens bien. J'ai eu 67%.
Ensuite j'ai lâché le cour. Non mais.

(Le Woody de "Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture" aimerait bien ton Journal).
Kayou said…
Ne te fais pas d’illusion, Pat.
À 20 ans je ne lisais que de la science fiction et, bien sûr, les romans obligatoires qu’on nous enfonçait dans le cul avec une cruauté inouïe (du genre « Vendredi ou les limbes du Pacifique », dans lequel un autre Robinson perdu sur une île se crosse dans des troncs d’arbres.) Franchement, comment veux-tu qu’un jeune homme comme j'étais, à peine sorti de l’adolescence et fan de Stephen King et Lovecraft, s’intéresse au « Journal de la création » de Nancy Huston? J’ai voulu me venger!
Patrick Dion said…
Ta prof n'avait vraiment aucun sens de l'humour. Par chance, tu en avais pour deux (ou douze). Ça devait être plate en crisse dans vos cours !

Moi j'aime bien la recette !
Kayou said…
Plate?
Presque tous les cours étaient plates. Les étudiants étaient plates. Même les murs étaient plates. Mais à l'époque, au moins, on avait encore le droit de fumer dans les corridors... Merci, Dion, tu viens de me donner une idée. Je crois que je vais faire un petit portrait du cégep du Vieux Montréal, ou j'ai traîné pendant 6 ans...
Kayou said…
Elle s'appelait Noémie Bélanger.
Pour vrai...
PatB said…
On a exactement les mêmes souvenirs du Vieux, Zhom :
- "Vendredi' de Tourtier. Obligé de lire ça à cause d'un jeune prof gay. Je lui ai dit aussi devant la classe que je trouvais ce livre plate à mort. Tout le monde m'a trouvé malotru.
- On pouvait fumer dans les couloirs. Il y avait même un fumoir à joints! (drette à droite en rentrant).
- Les étudiants zombies. Exemple : "Des questions"?... Silence entre les murs gris. Et puis moi, finalement : "Pourquoi c'est plate comme ça?"
(Dans ce temps je faisais ma crise d'ado en retard.)
Patrick Dion said…
6 ans ? T'as fait une maîtrise au Cégep ?
Kayou said…
Dion : Il me manque un hostie de cour d'éduc pour avoir mon DEC!
AND IT'S THE FUCKIN' TRUTH!
Anne Archet said…
... plus l'épreuve uniforme de français écrit, plus l'épreuve de synthèse de programme...

Lady » Mon journal est déjà celui d'un jeune homme de lettres, puisque tout le monde sait que je ne suis qu'un des multiples pseudonymes de Zhom.
Coyote inquiet said…
Elle était géniale cette jeune fille ! Elle a dû aller loin dans sa carrière artistique, ainsi surdouée ! Et pour quel art a-t-elle opté, finalement ? Est-elle toujours avec Jean-François ? Pcq sinon...
Adele said…
rigole bien, tous les jours

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