ANALYSE PICTURALE #1
Dans la série DES HOSTIES D'AFFAIRES PLATES :
ANALYSE PICTURALE (
"Un homme, un chien"
Infographie : Logiciel poche de 1996
Un homme. Un chien. Deux solitudes en duel. Solitudes mélancoliques, aux aspirations antinomiques, abandonnées à l'attente d'un ailleurs meilleur, ici n'étant en somme qu'une gare entre deux là-bas. Lui, l'homme, sans traits, l'homme générique, roseau pensant et cogitant, ruminant d'absolu, yeux rivés aux rondeurs lisses d'un paysage in(dé)fini qu'on devine légèrement éclairé par l'astre crépusculaire, ce soleil fatigué. L'autre, la bête, indifférente aux désirs enfouis de son maître, semble dire à celui-ci : "Mais que fait-on? Qu'es-tu venu faire ici, en ce monde? Il n'y a rien ci-devant. Rentrons. Je suis avec toi. Rentrons." Hypnotisé, l'homme ne porte pas attention aux conseils de son camarade et continue à rêver debout, observé par ces grands arbres silencieux qui symbolisent ici quelque figure d'autorité l'empêchant d'exécuter un pas vers la promesse d'un demain doux. À l'inverse, on pourra dire que l'homme craint s'aventurer plus avant sur ce sentier incertain, sans commencement ni fin, les bordures partant de nulle part et convergeant vers nulle part. L'homme, figé par l'angoisse, scrute ce paysage aux formes féminines (ce sein gigantesque surplombant des dunes semblables à des fesses.) Promesses de douceurs éternelles par delà la rivière-fantôme (on remarquera que le pont unissant les rives est inachevé.) La bête, l'air déçu et pénétré, se tourne vers son maître : "Qu'attends-tu donc? Je t'ai mené jusqu'ici. Pourquoi s'arrêter si près du but?" L'homme ne peut avancer et devient spectateur impuissant devant la possibilité d'enfin laisser libre cours à ses désirs de fuite. Et encore ces arbres-gendarmes, ces sapins-policiers symbolisant la toute puissance du surmoi et, par extrapolation, l'oppression sociale. Si t'as lu ça jusqu'au bout, t'as des bibittes dans tête. Va te passer une crosse pis dors.
Analyse de Richard Analyse inc. "Viens faire analyser des affaires chez Richard Analyse."
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